Au cœur des Alpes françaises, le massif des Écrins déploie une nature sauvage et grandiose, un théâtre naturel où s’écrivent chaque jour des histoires de montagne. Entre sommets imposants, glaciers étincelants et vallées secrètes, cinq randonnées emblématiques vous invitent à arpenter ces paysages d’exception. Du plateau d’Emparis aux refuges glaciaires, laissez-vous porter par l’émotion brute et la beauté à couper le souffle de ces itinéraires, parfaits pour tous les amoureux de nature et d’aventure.
Situé entre les Alpes du Nord et du Sud, le massif des Écrins est un vaste territoire de haute montagne caractérisé par ses sommets imposants (plus de 150 dépassant 3000 mètres), ses glaciers étendus, et ses étendues d’alpages où poussent mélèzes et forêts de résineux. Ces montagnes abruptes et sauvages sont traversées par de profondes vallées glaciaires, où l’homme a su s’adapter au fil des siècles, mêlant pastoralisme et tourisme, pour façonner un paysage à la fois puissant et empreint d’une douce humanité.
Créé en 1973, le Parc national des Écrins protège 93 000 hectares au cœur de ce massif riche d’une biodiversité remarquable, avec des milliers d’espèces végétales et animales. Autrefois mal connu et parfois confondu avec le massif de l’Oisans ou du Pelvoux, le massif s’est imposé comme un haut lieu de l’alpinisme français, notamment autour de La Bérarde, La Grave et Ailefroide. Aujourd’hui, face au recul dramatique de ses glaciers lié au réchauffement climatique, le massif reste un territoire d’aventure, sauvage et fragile, où la nature et l’homme cohabitent avec respect.
1. Le plateau d’Emparis
C’est une véritable immersion au cœur des Écrins, offrant un panorama à couper le souffle avec un dénivelé raisonnable d’environ 700 mètres. Accessible tout en restant authentique, cette balade séduit par sa beauté sauvage et la diversité de ses paysages alpins, idéale pour les randonneurs qui souhaitent allier effort modéré et émerveillement naturel.
Le départ se fait au niveau du téléski de la station familiale du Chazelet, un point d’entrée pratique qui contraste rapidement avec la quiétude retrouvée dès que l’on s’enfonce dans le sentier. Très vite, vous quittez toute trace d’infrastructures pour vous plonger dans un environnement typique des hauts alpages. Le doux tintement des cloches des vaches qui paissent tranquillement rythme votre progression à travers des prairies verdoyantes qui s’étendent à perte de vue.
Étape emblématique du Tour de l’Oisans via le GR54, le plateau d’Emparis est un véritable balcon naturel sur la vallée de la Romanche. Ce vaste espace d’alpages invite à la contemplation, avec, en toile de fond, la majestueuse barrière de la Meije qui domine le paysage. Pour le repas, le lac Noir est un lieu idéal : sa petite étendue d’eau paisible offre un cadre idyllique pour une pause pique-nique. Assis au bord du lac, face à la Meije, le spectacle est saisissant. Avec un peu de chance et une bonne paire de jumelles, vous pourrez même apercevoir les alpinistes s’attaquer à la célèbre traversée de cette barre rocheuse, un moment d’admiration et d’inspiration pour tous.
En face, le glacier de la Girose, relié à la célèbre station des Deux Alpes, témoigne également de l’histoire géologique et humaine de ces montagnes. Malheureusement, comme beaucoup d’autres glaciers alpins, il a visiblement reculé au fil des années, un rappel poignant des effets du changement climatique. À noter que cette randonnée, bien que sans passages techniques, demande une bonne condition physique et une certaine expérience, notamment à cause de sa longueur. Les randonneurs doivent se lever tôt pour profiter pleinement de cette journée d’effort et de beauté.
Attention cependant, le plateau d’Emparis est un espace naturel sensible très fréquenté, avec plus de 400 visiteurs quotidiens en haute saison. Depuis 2023, une nouvelle réglementation vise à protéger ce fragile écosystème. Il est strictement interdit de se baigner dans les lacs ou cours d’eau, d’allumer des feux, et les chiens doivent impérativement rester tenus en laisse. Il est également essentiel de ne laisser aucun déchet derrière soi, même biodégradable, afin de préserver cette nature exceptionnelle.
Distance : 14 kilomètres
Dénivelé : 700 mètres de dénivelé positif
Durée : 6 heures
S’y rendre en transports en commun : en train jusqu’à Briançon, puis en bus jusqu’à La Grave
2. Le refuge du Glacier Blanc
Glacier Blanc, visible depuis le refuge.
Le refuge du Glacier Blanc, c’est une étape incontournable, un véritable havre de paix niché au bord du glacier éponyme, à 2550 mètres d’altitude. Accessible en seulement trois heures de marche depuis le Pré de Madame Carle, ce refuge offre un accès facile et spectaculaire à tous. Dès les premiers pas sur le sentier, vous êtes plongés dans un univers minéral unique où la glace, la roche et les cimes sauvages dessinent un paysage grandiose et impressionnant.
Le sentier démarre au Pré de Madame Carle, site d’accueil et point de départ de nombreuses aventures en Vallouise. Le chemin est bien balisé et alterne entre une montée rive droite, puis un passage sur la rive gauche du glacier au niveau d’un large replat. La progression se fait au milieu de rochers et de moraines, témoins de l’histoire glaciaire de la région. Vous passerez à proximité de l’ancien refuge Tuckett avant d’atteindre le refuge actuel, posé sur un promontoire rocheux dominant le glacier.
Le glacier Blanc, qui s’étend juste sous vos yeux, est l’un des plus emblématiques des Alpes françaises. Il constitue un monde fascinant où les langues de glace côtoient des moraines sombres, recouvertes parfois de rochers, formant le glacier noir voisin. Cette proximité entre glace blanche et glace noire est une particularité géologique rare, qui témoigne de l’évolution constante du massif. Ce glacier, pourtant grandiose, a perdu plus de deux kilomètres de longueur entre la fin du XIXe siècle et aujourd’hui, une preuve évidente des changements climatiques qui affectent durablement la région.
Face à vous, se dressent les imposantes faces nord du Pelvoux, du Pic Sans Nom et des Ailefroides. Ces sommets, sauvages et majestueux, ont longtemps été des objectifs prestigieux pour les pionniers de l’alpinisme à la fin du XIXe siècle. Le refuge du Glacier Blanc constitue ainsi un camp de base idéal pour accéder à des courses célèbres telles que les Agneaux, le Pic du Glacier Blanc ou encore la voie des Cinéastes. Pour les amateurs, la terrasse du refuge offre un lieu de repos privilégié où contempler ces géants, tout en profitant de l’ensoleillement et de la quiétude des lieux.
Distance : 9 kilomètres
Dénivelé : 700 mètres de dénivelé positif
Durée : 3 heures
S’y rendre en transports en commun : en train jusqu’à L’Argentière-la-Bessée puis en navette jusqu’au pré de Madame Carle
3. Le bivouac au lac Bleu
La vallée de Valgaudemar n’est pas la plus parcourue du massif des Écrins. Elle révèle pourtant un paysage unique, mêlant sommets rocheux, glaciers imposants et vallons verdoyants. Le départ de cette randonnée s’effectue au parking du Chalet-hôtel du Gioberney, point de départ idéal pour explorer cette vallée spectaculaire. La route qui mène jusque-là offre déjà un aperçu des beautés du parc : cascades éclatantes, montagnes majestueuses, ambiance alpine. Deux sentiers permettent de rejoindre le refuge du Pigeonnier : l’un direct, l’autre plus long, passant par le lac de Lauzon et le lac Bleu.
Le sentier s’élève doucement sur le flanc ouest de la vallée, offrant des vues splendides sur les sommets environnants. Un plateau herbeux parsemé de petites cascades et mares accueille un premier temps de pause. Plus loin, le lac de Lauzon, bien que plus fréquenté, demeure un lieu paisible au bord de ses eaux verdâtres, encadré par des montagnes imposantes.
La montée se poursuit vers le lac Bleu, situé à 2200 mètres d'altitude. Le paysage devient alors plus alpin, avec des rochers, des cascades et des glaciers en toile de fond. Le lac glaciaire se distingue par sa couleur bleu profond, signe d’une eau pure et fraîche. Ce lieu, souvent déserté par la foule, offre un cadre parfait pour un bivouac en pleine nature.
Le lendemain matin, le ciel est limpide et la surface du lac Bleu reflète les montagnes alentour dans une lumière éclatante. Le sentier redescend d’abord à travers un tapis de rhododendrons jusqu’au torrent de Muante Belledone, puissant et rafraîchissant. La montée vers le refuge du Pigeonnier débute alors, avec 400 mètres de dénivelé régulier mais soutenu. Des cascades jalonnent le chemin, offrant des pauses bienvenues pour s’hydrater et profiter de la fraîcheur.
Poursuivant la randonnée, le sentier devient plus sauvage et moins fréquenté, offrant des passages ludiques où l’aide des mains peut être nécessaire, sans pour autant générer d’inquiétude.
Distance : 13 kilomètres
Dénivelé : 930 mètres de dénivelé positif
Durée : 2 jours
S’y rendre en transports en commun : en train jusqu’à Gap puis en bus (Transisère 4100 jusqu’à “Saint Firmin-Pont des Richards”) et en navette jusqu’au départ (chalet hôtel du Gioberney)
4. Le Tour du Combeynot
Le Tour du Combeynot est une itinérance de trois jours, idéale pour les familles et les amoureux de randonnée souhaitant combiner diversité naturelle et richesse culturelle au cœur du Briançonnais. Ce parcours permet d’observer en peu de temps un contraste saisissant entre différents paysages, où l’eau, omniprésente, joue un rôle central, oscillant entre la glace éternelle des glaciers et la fluidité des rivières alpines.
Le départ s’effectue depuis le col du Lautaret. Dès les premiers pas, le sentier des Crevasses impose son caractère sauvage. Ce chemin grimpe doucement en offrant plusieurs points de vue spectaculaires, notamment au Belvédère de l’Homme. Ce promontoire naturel offre un panorama impressionnant sur les glaciers et sommets alentours, une mise en bouche visuelle qui prépare à la suite du parcours. L’étape se poursuit jusqu’à l’Alpe du Villar d’Arène, un lieu chargé d’histoire pastorale où la nature et l’architecture traditionnelle s’entremêlent harmonieusement.
Le deuxième jour démarre au niveau des refuges du Plan de l’Alpe. L’itinéraire remonte en traversant plusieurs ruisseaux, mettant l’eau au cœur du spectacle naturel. L’ascension conduit au col d’Arsine, un passage d’altitude qui dévoile un décor véritablement alpin. À proximité, les lacs glaciaires des glaciers d’Arsine sont accessibles. Leur beauté cristalline reflète les sommets environnants, offrant une halte parfaite pour les yeux et l’esprit. De ce col, le sentier bascule ensuite vers la vallée de la Guisane. La longue descente jusqu’au village du Casset marque la fin de cette étape, mêlant la douceur de la vallée aux traces du passé montagnard.
La dernière journée suit un chemin ancestral longeant la rivière Guisane. Plusieurs hameaux typiques ponctuent ce parcours, parmi lesquels le Lauzet, qui est un point de passage avant de rejoindre le GR50. Ce sentier emblématique conduit jusqu’au col du Lautaret, bouclant ainsi la boucle du tour. Le retour au point de départ offre une satisfaction profonde, mêlée à l’envie de prolonger l’aventure dans ces montagnes.
Distance : 29,5 kilomètres
Dénivelé : 1080 mètres de dénivelé positif
Durée : 3 jours
S’y rendre en transports en commun : en train jusqu’à Briançon, puis en bus jusqu’au col du Lautaret
5. Le Tour des Écrins
Le GR54, surnommé le Tour des Écrins, est l’un des sentiers de grande randonnée les plus emblématiques des Alpes françaises et même d’Europe. Ce parcours de neuf jours offre une immersion totale dans un massif d’une beauté brute et sauvage, ponctué de panoramas grandioses qui marquent les esprits. Partir sur ce sentier, c’est s’assurer une aventure à la fois physique et sensorielle, entre paysages alpins, vallées profondes, et sommets mythiques.
Le départ se fait à Bourg-d’Oisans, petite commune au cœur de l’Oisans. Le chemin alterne entre routes et sentiers, dévoilant d’emblée le contraste frappant entre la nature et la station d’Alpe d’Huez, avec ses infrastructures modernes. La montée vers le col de Sarenne, perché à 2000 mètres, permet une première ouverture spectaculaire sur les Écrins. Le Râteau, la Meije et leurs glaciers apparaissent alors en toile de fond, annonçant la grandeur à venir.
Le lendemain, la montée vers le col Saint-Georges s’effectue dans la douceur des premiers rayons du soleil. Une fois au col, le plateau d’Emparis s’étend à perte de vue, un paysage étonnamment aride qui rappelle les steppes mongoles. La Meije, omniprésente, domine le décor, rappelant la puissance et la majesté des lieux. Puis, la randonnée descend vers Villar d’Arène, où l’on rejoint la vallée de la Romanche.
Le col de l’Aup Martin, point culminant du GR54 à 2761 mètres, marque une étape charnière. Le sentier traverse des paysages sauvages, avec peu d’infrastructures, et offre une véritable immersion dans la montagne authentique. Le Pelvoux, le Pic sans Nom et l’Aile Froide dominent la scène, leur silhouette imposante fascinant le randonneur. La descente vers le refuge du Pré de la Chaumette conclut une journée intense.
Au fil des étapes, la difficulté physique s’accentue, notamment lors de la montée au col de la Vaurze ou du passage au Désert en Vajouffrey, où les pentes abruptes et les dénivelés importants sollicitent sérieusement les jambes. Ces efforts sont compensés par des panoramas à couper le souffle, des moments de calme et la beauté sauvage de la nature.
L’avant-dernière journée conduit au lac de la Muzelle, via le col du même nom, avec ses 2613 mètres d’altitude. Cette ascension impressionne par son nombre de lacets et son terrain accidenté. Le lac, niché en contrebas, se pare au coucher du soleil de teintes rosées, tandis que le glacier de la Roche de la Muzelle brille d’une lumière dorée.
Le dernier jour réserve une longue descente vers Bourg-d’Oisans, en passant par le col du Vallon, qui offre l’un des plus beaux panoramas du parcours, avec la Meije en face et le Mont Blanc à l’horizon. Le sentier descend ensuite vers le lac du Lauvitel, un lieu très fréquenté mais incontournable pour son cadre naturel préservé. La piste cyclable qui mène à Bourg-d’Oisans clôt le périple. L’arrivée en ville est teintée de satisfaction et d’émotions, après neuf jours d’une aventure intense et inoubliable.
Distance : 180 kilomètres
Dénivelé : 12 100 mètres de dénivelé positif
Durée : 9 jours
S’y rendre en transports en commun : en train jusqu’à Grenoble, puis en bus jusqu’au Bourg-d’Oisans
Disclaimer : préservation des espaces naturels
Afin de préserver la beauté et la fragilité des paysages alpins, il est essentiel de respecter certaines règles durant vos randonnées dans le massif des Écrins. Ces zones, particulièrement vulnérables, sont soumises à une surfréquentation croissante pouvant altérer leur écosystème. Nous vous encourageons donc à :
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Respecter les sentiers balisés : ne vous aventurez pas hors des sentiers pour éviter d'endommager la flore et l'écosystème local. Restez sur les voies indiquées et suivez les marquages pour préserver la nature.
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Ne pas se baigner dans les lacs : les lacs de montagne, bien que séduisants, sont des milieux fragiles. Se baigner dans ces eaux peut perturber l'équilibre écologique et affecter la qualité de l'eau. Merci de respecter cette règle, essentielle pour la préservation de ces lieux naturels exceptionnels.
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Limiter votre impact : adoptez un comportement écoresponsable en venant en transports en commun, en emportant vos déchets avec vous et en minimisant votre empreinte. Pensez également à éviter le bruit excessif et à respecter la tranquillité de la faune locale.
Préparez-vous à l'aventure, mais restez prudent : les règles de sécurité dans les Écrins (et ailleurs !)
Le massif des Écrins est un terrain de randonnée magnifique, mais qui présente des défis, notamment en raison de ses nombreux névés, en particulier en début de saison. Ces conditions peuvent rendre certains sentiers plus difficiles, avec un risque de chutes, notamment sur les zones glacées. Il est essentiel de bien se préparer avant de partir :
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Informez un proche de votre itinéraire et de votre heure approximative de retour.
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Téléchargez une carte de l'itinéraire en mode hors-ligne pour éviter toute déconnexion en montagne.
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Assurez-vous d’avoir l’équipement adéquat (raquettes, crampons, etc.) en fonction des conditions météo.
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Préparez-vous physiquement à des dénivelés importants et aux variations climatiques fréquentes en altitude.
Starter Pack de l'aventure responsable dans les Écrins
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Transport en train : profitez des nombreux accès en train pour limiter votre empreinte carbone.
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Option végé : pensez à emporter des encas végétariens pour vous nourrir pendant la randonnée (un article dédié sur l'alimentation en montagne arrive prochainement !).
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Produits Pavenrod : pour une expérience durable, optez pour les produits de la marque Pavenrod, fabriqués en France et respectueux de l'environnement.
Pour les plus courageux et courageuses arrivés jusqu’ici, le Pavencrew vous offre un code de réduction de 10€ sur tout le site à partir de 50€ d’achat avec le code : ECRINS10.
Ces petits gestes sont essentiels pour préserver l’environnement naturel des Écrins et rendre votre aventure encore plus agréable et respectueuse.